La horde à contre-soi (ta démence et moi)
Un poème de la série Ce que cela a fait de nous

Cette horde qui m’habite
Comme un étalon fou
Me malmène la peau du cœur
Morsure lancinante
Larme d’acide et de plomb
Cette horde, c’est la tienne
Je n’en puis plus de t’aimer
Tu lances tes chevaux en furie
Ta horde aux étriers d’éclairs
Contre ton âme
Et tu t’étonnes d’être fatiguée!
Tu retiens tes démons
tout en les fouettant
Et tu t’accables d’énigmes
sans mesurer
ce qu’il m’en coûte de te porter
enfant fragile, à bout de bras,
à travers l’Atlantique
Tu suintes et je délire
dans un sursaut de poésie
ton manège m’affole, m’accable
me volatilise
Brûle-moi de ta folie!
Ta horde à contre-voix,
à contre-soi
contrebasse des sens
contre toute extension
du mental
C’est le haute-contre du souci,
de tes soucis
Brûle-toi de moi!
Brûle-moi de toi!
Je suis forte,
mais la horde est plus puissante que moi
Je t’aime trop, Maman…